Flora Urba - Musique de chambre

En 2015, la chaine Youtube Thesoundyouneed (RIP) était encore somewhat relevant, et il m'arrivait de m'y promener. Un peu par accident, j'ai cliqué sur cette vidéo :

Alina Baraz & Galimatias - Fantasy

Qui est qui

Flora urba est un projet aux multiples visages. À dominante électro, on y entend aussi de la Soul, du RnB et de la Pop, mais également des réminiscences de musique classique de la meilleure facture. Né de la rencontre musicale entre le jeune producteur Galimatias et la jeune vamp Alina baraz, Il est paru en 2015, et je ne m'en suis toujours pas remis. 

Alina Baraz est une jeune américaine de l'Ohio, d'ascendance russe (comment pourrait-il en être autrement?) Elle découvre, en 2013, le travail de prod de Galimatias, et décide d'accorder ses textes intimistes et sensuels à sa musique. Galimatias est un jeune producteur danois résidant à Los Angeles. Sa musiqu, convenait parfaitement à ce duo.

La durée de vie d'urban Flora ne ment pas. Deux ans plus tard, Galimatias n'a sorti qu'un autre single, et Alina baraz prépare encore son premier album. Les deux personnages jouissent toutefois d'une telle côte dans le milieu musical que les requins attendent patiemment leur prochains projets, certains du potentiel des deux. Mais qu'est ce qu'urban Flora a de si spécial au fond ? 

Corps vocal

Je n'avais plus tellement foi en la musique électronique, après la récente déception de la prog house (j'aurais du me douter qu'un genre avec le mot House dedans ne passerait pas le test du temps.) et chinait uniquement la chaine thesoundyouneed pour me remettre quelques bon souvenirs en tête tel que Nikki and the Dove ou le remix de Another love de Tom Odell par Zwette, et puis, sans trop savoir pourquoi, j'ai cliqué la dessus, et mon esprit a fondu, comme du chocolat noir sur un corps de femme. 

La fleur est un sexe de femme. Alina Barraz, Jeune danoise californienne, blonde, grande, pulpeuse et douce comme le paradis, est une fleur rouge et blanche. Un idéal féminin, riche et sophistiqué. Elle n'est pas une star, elle est une amoureuse. Son chant voluptueux, écouté au casque Marshall, enveloppe le cerveau d'une douce couverture ouatée et soyeuse. urban Flora est le projet d'une femme qui chante l'amour, le sexe, les odeurs corporelles et poudreuse d'un bordel luxueux en Californie. 

Electro, Rn'b et pop. Les chansons s'écoulent, douces et tranquilles, j'ai l'impression qu'une main de femme me carresse les cheveux, la nuque, le ventre, la queue. Les paroles tournent toutes autour de l'acte amoureux, mais ça va plus loin. Alina barraz offre tout son être à son auditeur, comme une prétresse antique venue nous absoudre. Sa voix, son coeur, son cul, son âme. "I could be your private island, underneath the palm tree, you can leave your worries" Sa technique vocale repose essentiellement sur le souffle, plutôt que la projection. Si bien que j'ai l'impression que quand elle chante, elle me fait l'amour. Elle chante d'une manière lancinante, et les arrangements du projets font eux-même la part belle aux exercices vocaux. 

(petite parenthèse marrante, la jeune femme sur la photo représentant alina Baraz, sur Deezer, représente en réalité Delilah, une chateuse britannique. On ne peut pas vraiment en vouloir à Deezer, tant les deux artistes ont des styles similaires. Delilah, tout comme Alina Baraz, utilise ses formes pulpeuses, ses lèvres énormes, son flegme hautement sexuel, pour créer un personna artistique assumé et rafraichissant.)

musique de chambre

La sainte trinité de la musique est parfaitement respectée  : Mélodie, rythme et harmonie. Cependant, vous remarquerez, si vous pretez attention à vos musiciens préférés, que même les meilleurs projets ne peuvent  assumer pleinement que deux cotés du triangle. Pour Flora Urba, c'est le rythme et l'harmonie qui sont à l'honneur, dans cet ordre. 

tous les sons participent au rythme dans Flora Urba. on compte quelques instruments "traditionnels" : le piano, le violon, et la guitare electrique. C'est dans la chanson Drift, à mon sens la meilleure du projet, que ces instruments déploient toute leur force émotionelle. On peut aussi y entendre des influences asiatiques, des flutes, des bambous dans la nuit. Galimatias, qui produit tout l'EP, déploie une sensualité musicale extraordinaire. 

les voix hachées, tranchées, triturées, constituent un élément rythmique à part entière, chaque élément musical est soigneusement cousu pour nous faire bnouger les hanches d'une manière sexuelle. C'est un EP pour faire l'amour ; "undress you", cette simple énonciation, sur la chanson "Can I" fait partie intégrante de la rythmique. La basse est bien évidemment prépondérante sur tous les morceaux. Fantasy déploie un arsenal d'ambiances impressionant, qui se fondent en une seule : l'ode à l'amour physique. Sur "Fantasy", entends de la soul, du reggae, du RnB, cette pompe chaleureuse au synthé ; Ces violons mélés à la boite à rythme. 

Si c'est le sexe qui est à l'honeur, dans le symbolisme de Flora Urba, j'irais jusqu'à dire que c'est de l'anti pornographie. Alors que le porno moderne serait du fast food, avec Flora urba, nous avons de la gastronomie. La sueur, les parfums de corps, je les entends et je les sens, et j'ai l'impression qu'on me promet la meilleure séance de sexe de ma vie. Lent, moite, lancinant, impérial.  Au bout de quelques écoutes, entrecoupées de weed et de sexe, un mot résonnait dans ma tête, encore et encore : "oui"

Poésie sexuelle

Tout est potentialité dans les textes d'Alina Baraz, rien n'est actualisé que le sexe. L'amour, lui, reste à l'état d'hypothèse. "You could be my everything" ou encore, "i could be your fantasy" L'amour physique, en revanche, est là, puissant et jouissif. "you're like a wave, washing over me." Alina chante à l'horizontale, une musique de chambre, une musique de draps souillés. Une musique de bas nylon, de pute intellectuelle, déployant suavement une mystique sexuelle destiné aux hommes et au femme "looking for a good time". 

Alina Baraz est une aussi une femme dont la mission est d'élever les hommes pour les rendre dignes d'elle. "What's a king without a queen?". C'est un piège sexuel. Une vamp, une araignée, une chatte en chaleur, une amoureuse : "you're in all my thougts". Elle voit son auditeur, cet homme imaginaire, comme jamais femme ne l'a vu, comme il ne pourrait jamais se voir lui-même. "I bet you never know,  there's a universe inside of you" et fait tout, avec une générosité émotionelle sans précédent, pourlui donner le courage de de s'oublier lui-même, pour honnorer l'éternel féminin comme il le mérite, avec la certitude que ce don de soi sera payé d'un amour parfait. 

Au fond, la grande qualité d'urban Flora, c'est sa cohérence. un EP entier dédié à l'amour et aux corps s'aimant, où l'on a toujours l'impression d'entendre la même chanson, sans jamais s'ennuyer, c'est rare, très rare. Je suis impatient d'entendre à nouveau la voix d'Alina Baraz, elle me calme et m'excite. Elle me fait sentir vivant. Et n'est-ce pas la marques des grandes oeuvres d'art, de nous faire sentir vivant ?