Reflexions coléreuses
_ Je ressens une colère immense.
_ J'ai mis deux heures à aller à V2 acheter un pantalon.
_ Le bus est coincé au rond-point du petit clamart, en travaux depuis quoi ? Quinze ans ?
_ J'ai envie de me planter mon stylo dans la joue.
_ Mes mains sont déssechées.
_ Quatre bus pour Robinson sont passés avant qu'un bus pour Pont de Sèvres n'arrive.
_ La colère irradie dans tout mon corps, jusqu'à mes doigts de pied.
_ Le conducteur klaxonne et conduit comme un pied.
_ C'est comme si ma cage thoracique allait exploser.
_ J'ai des fantasmes de violence extrême.
_ "Si j'avais une moto." Ai-je pensé.
_ "Si ceci, si cela, ma vie serait mieux."
_ Et puis j'en ai marre d'être pauvre.
_ Si je suivais mon emploi du temps, je serais déjà riche.
_ Si ceci si cela.
_ Je voudrais être un ours.
_ Je suis envieux.
_ Je suis impatient.
_ Je suis colérique.
_ Je suis un ours.
_ Ma colère retombait, mais les remous de la route l'on réenclenchée.
_ Je n'ai aucune patience pour la contrariété. Un peu comme les enfants.
_ Je serre les dents trop fort. Ça va les abimer.
_ Putain de route !
_ Elle monte au niveau du coeur, la colère. Elle ne veut pas redescendre.
_ Je voudrais planter mon stylo dans la gorge.
_ Je voudrais me frapper très fort en hurlant, mais avec tous ces gens dans le bus, ça ferait mauvais genre.
_ En tant qu'espèce, nous ne sommes plus très athlétiques.
_ Je crains que mon éditeur veuille piloter mon livre, du début à la fin.
_ Respirer profondément, ça ne marche pas vraiment.
_ Deux arabes se moquent de l'accent d'une asiatique. À part ça seuls les blancs sont racistes.
_ Vivement qu'on me trucide.