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Pollo Mundo
23 juin 2018

Le poids du superflu

batlik

La musique de Batlik est légèrement surannée. Pas assez pour être devenue charmante, trop pour être entendue. Elle n'en est pas moins un fleuron de la nouvelle chanson française qui, avec plus ou moins de bonheur, a parcouru les années 2000. Le poids du superflu est sorti en 2012, c'est le huitième album du chanteur. 

Ça commence par une basse, une batterie jazz, et une guitare acoustique. Un mélange de pop acoustique et de jazz minimaliste. Et voilà que vient la voix. Sereine, calme et lancinante. La musicalité si particulière, si originale de Batlik, fait que j'ai du mal à entendre les paroles. Il y a quelques artistes comme ça. Vincent Delerm, par exemple, c'est le contraire. On entends d'abord les paroles et il faut parfois plusieurs écoute pour réaliser la richesse discrète de la musique. Batlik est de l'autre école. Dès les premières notes, on est happé par le son. Cela fait quelque peu oublier la voix à la limite de la fausseté et l'absence totale de tecnhique vocale. Cette plaie de la chanson française qui envoie dans l'oubli tant de bons artistes. 

Le poid du superflu enfonce le clou avec un riff et une batterie rock, mais tout à l'acoustique. Si je devais résumer la musique de Batlik en un mot, ce serait : "Bois" les instrument sont en bois et ils ont le son du bois. Les arrangements sont fins et généreux comme un bon Bordeaux. Parfois, une guitare electrique arrive, mais c'est rare, et toujours pour dire quelque chose de précis. On l'entend donner deux notes pour accentuer les influences rock. La voix, dans les refrains, est immonde. Avec un vrai chanteur, on aurait eu un chef d'oeuvre. 

Le phrasé est influencé par le rap et la grande chanson française. La diction est intéressante, mais la justesse est une faiblesse qui, tout au long de l'album handicape grandement Batlik. La mer d'Aral, qui pourrait être une bonne chanson, devient juste dégueulasse quand il arrive, moitié fredonnant moitié criant "comme une épAaaAaave". C'est dommage, les paroles sont belles. 

"On la tompe souvent/avec de pâles copies/L'illusion un moment/de savourer l'ennui."

Batlik file une métaphore marine pour se présenter en marin perdu dans l'immensité de sa propre psyché. Il consomme grande quantité de drogue et la mer d'Aral est la, autour de lui "C'est toujours elle qui gagne" dit tout. La mer d'Aral, c'est une chanson sur la mort. C'est très bien écrit. On trompe la mort avec la drogue, de "pâles copies"

La chanson suivante suivante clot mon opinion sur l'album. "L'échec est MAAAaaaAAAAthématIIIiiiiique" On ne peut pas chanter comme ça. On arrête d'enregistrer et on va prendre des cours de chants. C'est ahurissant que personne ne lui ai dit. Gaspard Batlik est certes un songwritter inspiré, mais ça ne justifie pas de chanter aussi mal. Pourquoi les français ne chantent-ils jamais juste ? Tant de potentiel gaché c'est juste horripilant. Bordel. Il s'autoproduit aussi. Personne ne peut lui dire "Eh coco, tu me la refais là, parce que je veux pas dire, mais c'est un peu dégueu" Il n'a pas de patron le loustic. Il fait ce qu'il veut. 

Pourtant tout le reste est de très bonne facture, les compositions m'emportent, les arrangements sont riches et inventifs, avec seulement quelques instruments. Une véritable leçon sur l'art de faire beaucoup avec peu. Le jeu de guitare de Batlik, son point fort depuis toujours, est un délice de rythmique. (on sent le mec qui a appris à tenir des spectateurs tout seul avec sa gratte) les influences musicales sont riches et maitrisées, sans étouffer chez le compositeur une patte tout-à-fait originale, et enfin des paroles profondes, énigmatiques, mélancoliques souvent.

J'aurais tellement voulu aimer cet album. Objectivement tout est bon. Musicalement, c'est top, lyricalement aussi. En fait tout est bien, sauf la voix du chanteur. S'il prenait quelqu'un d'autre, ou s'entrainait un peu, on l'entendrait mieux et on serait plus à l'entendre. Il relèverait le niveau de la scène actuelle, qui en a bien besoin. 

 

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