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Pollo Mundo
20 septembre 2018

Introduction succincte au concept de hiérarchie des plaisirs dans la pensée épicurienne

2724150lpw-6247972-article-epicure-plaisir-desir-mort-jpg_4347970_660x281 Nul plaisir n'est en soi un mal ; mais les causes productrices de certains plaisirs apportent de surcroît des perturbations bien plus nombreuses que les plaisirs. Huitième  maxime d'Épicure, traduite par Jean-François Balaudé. 

En plein dans le mille. Si je veux me murger jusqu'au coma et que j'en éprouve du plaisir, nul ne peut affirmer que c'est un mal. Ni mon médecin, ni toi, ni lui, ni elle. Car si c'est un plaisir, alors ce n'est pas un mal. Ce qui peut être mauvais, ce sont les conséquences, directes ou indirectes, de ce plaisir. par exemple, avoir le pied enflé et douloureux pendant des semaines, en plus d'une gueule de bois carabinée. C'est la hiérarchie des plaisirs d'Épicure, qui détermine si un désir devrait être poursuivi. Mais d'abord, un peu d'Histoire... 

Épicure fut un philosophe grec ayant vécu au quatrième siècle avant Jésus-Christ. Il naquit, précisément, en - 341, et mourut en - 270. D'extraction plutôt modeste, son père était professeur de grammaire et sa mère magicienne. C'est eux qui lui enseignèrent les rudiments de philosophie. Il s'initiera à Athènes à la philosophie atomiste de Démocrite, et fondera sa propre école, le jardin. Il est l'inventeur de l'épicurisme. 

La hirérarchie des plaisirs est une partie méconnue et cruciale de sa philosophie. Il est vrai qu'Épicure fonde la conduite de la vie sur la recherche des plaisirs. Mais attention : Pas n'importe lesquels. Les plaisirs de la débauche et de l'invresse, par les conséquences funestes qu'ils apportent à qui en abuse, sont vivement déconseillés. Voyons la sentence vaticane 21 : 

Il ne faut pas faire violence à la nature, mais la persuader ; et nous la persuaderons en satisfaisant les désirs nécessaires, ainsi que les désirs naturels, si ils ne nous nuisent pas, en rejetant en revanche durement les désirs nuisibles.

On ne doit pas céder à tous ses désirs, et donc, on ne doit pas gouter les plaisirs. Car certains découlent de "désirs nuisibles", résultant d'une "opinion vide". L'expression "opinion vide" se retrouve dans la sentence vaticane 20 : 

Parmi les désirs, les uns sont naturels et nécessaires, les autres naturels et non nécessaires, les autres ne sont ni naturrels, ni nécessaires, mais proviennent d'une opinion vide. 

Il y a les désirs naturels et nécessaires : étancher sa soif, soulager sa faim, reposer son corps, jouir d'une bonne santé. ces plaisirs suffisent au sage, qui doit pouvoir diner d'un peu de pain et d'eau, dormir sur une paillasse, et être aussi satisfait q'un Dieu. Les Dieux, dans la thélogie épicurienne, étant pour rappel qualifiés de Bienheureux. 

L'opinion vide est celle de l'homme à courte vue, qui ne perçoit que son plaisir présent, et non les conséquences que celui aura. Il s'attache aux désirs non-naturels et non-nécessaires. Il court vers le premier agrément venu et se vautre dedans. C'est un tempérament courant à toutes lépoques, et notre société le rend particulièrement pressant, chaque plaisir étant de nos jours, assez facile à combler. C'est mon tempérament par défaut. L'homme sage, lui, sait reconnaitre le verre de trop et s'en passer. Ainsi, il ne paiera pas demain sa gourmandise actuelle, pas plus qu'il ne paiera dans vingt ans une vie dissolue. 

L'ogueil et le désir de gloire sont également à fuir comme des plaies, car ils placent leur victime dans une situation émotionelle intenable. Toujours à l'affut d'une opportunité, toujours cherchant à se placer, toujours dans la crainte d'un revers de fortune, l'orgueilleux et l'ambitieux sont les jouets de la fortune, qu'ils tentent, en vain, d'aprivoiser leur vie entière, passant celle-ci à escalader une échelle imaginaire sans fin, mais dont la chute est bien réelle. Les désirs non-naturels et non-nécessaires n'ont pour conséquence que le malheur. Pour vivre heureux, vivons sobres, cachés, et entourés d'amis. Car l'amitié, dans la doctrine épicurienne, est le plus grand des biens. Plus grand encore que la philosophie. 

Il s'agit dès lors de préter attention à ses désirs, et à circonscrire ceux qui nous seront utiles, et ceux qui nous seront nuisibles. On peut reprocher à Épicure une pensée de boutiquier, voire de petit bourgeois, surveillant ses actes et ceux des autres comme autant de petits apports à l'économie de l'existence. Si j'allume cette clope, est-ce que je fais un bon investissement sur le futur, comparé au plaisir post-coïtal que celle-ci m'apporte ? Ce kebab que j'avale ivre à trois heures du matin, ne va-t'il pas m'empécher de devenir mince et musclé ? La souffrance de courrir une heure par jour n'est-elle pas plus plaisante que le regard des gens sur mon gros bide à la plage ? Pour Épicure, la réponse est évidente, et si j'ai bien fait mon boulot, vous la connaissez. 

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