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Pollo Mundo
3 octobre 2018

Jetez toutes vos affaires

marie-kondo-manga

Selon Marie Kondo, auteure du Best Seller international La magie du rangement, c'est l'un des meilleurs moyens de retrouver la sérénité. Nous marchons dans la vie, de plus en plus péniblement, entravés par les poids et les chaines du passé. Ces chaines, elles sont mentales, ce sont les souvenirs, les traumas, les émotions mal digérées ; elles sont aussi physiques. C'est ce vieux T shirts délavé que vous gardez dans votre placard, que vous ne mettez jamais, au coté d'autres affaires que vous ne mettrez jamais non plus. Memento d'un temps presque oublié, d'un lieu révolu, qu'une autre personne arpente encore, tel un fantôme. Ce vieux T shirt ne vous apporte aucune joie, tout au mieux un certain malaise indéfinissable. Il a perdu depuis longtemps sa raison d'exister, son essence de vetement. Il a perdu sa raison de vivre. Ce n'est plus un T-shirt, c'est un talisman. Il prend de l'espace sans aucune autre raison que de vous ramener au passé. Il est temps d'accepter la fin de cet objet. Il est temps de lui dire au revoir. Il est temps... de le laisser mourrir.

 Pour Marie Kondo, pour un nombre important de japonais, les vetements sont vivants. Les racines animistes du japon. Chaque chose sur terre est animée par un esprit. Vos livres ont un esprit, qui leur donne envie de remplir la fonction de livre. Vos vetements déperissent si ils ne servent pas. C'est pourquoi il faut non seulement prendre grand soin de ses affaires, comme si vous preniez soin d'êtres vivants, mais aussi savoir les jeter une fois qu'elles ont fini de remplir leur fonction. Vous avez une pile de DVD que vous n'avez pas regardé depuis des années ? Jetez-les, vendez-les, donnez les. Faites en ce que vous voulez mais débarrassez vous en. La magie du rangement, pour Marie Kondo, s'exprime de manière simple et poétique : il faut jeter "tout ce qui ne vous mets pas le coeur en joie."

La première fois que je l'ai fait, ça m'a fait un choc. J'ai regardé attentivement toutes mes affaires. Déjà il y en avait tellement ! Des dizaines de livres que je gardais sans lire depuis des mois, des années. Des vetements trop petits et trop grand, qui avaient suivi tous mes déménagements. J'ai du revendre une soixantaine de livres. Au début, je me disais que c'était hors de question, que ces livres avaient bien trop de valeur, que je les lierais sans doute un jour. C'était faux. On sait inconsciement en regardant un objet si il va nous servir ou non. Je ne me souviens plus de ce que j'ai vendu, de la philosophie surtout, il y avait L'évolution créatrice de Bergson. J'avais adoré le titre, il sonnait bien. Je n'en n'avais jamais lu une ligne mais parfois je regardais le livre avec affection. Pour les vetements, c'était encore plus impressionant. Je me suis retrouvé avec deux pantalons, trois T-Shirts, quelques pulls.

Petit à petit, j'ai été comme pris d'une fièvre. J'ai commencé à suivre la consigne à la lettre, à jeter tout ce qui ne me mettait pas en joie. Tout ce qui me rendait triste, tout ce qui m'indiférait, tout ce que je me forçais à garder parce que c'était des cadeaux, ou sentimental, ou parce que ça pourrait servir. Mes placard de cuisines y passèrent à leur tour, ces conserves au fond des placard que l'on garde pour un jour de pluie, ce vieux thé qu'on a acheté il y a quatre ans parce qu'on aimait bien le design sans chichi de la boîte. Ces boites contenant de mauvais dessins et de mauvais textes, des courriers administratifs qui prenaient la poussière. Ce savon d'hotel au cas où, cette crème pour les poches sous les yeux qui me suit depuis des années et que je met tous les six mois. Quand je n'avais presque plus rien, quelque chose se passa. Mais quoi? 

Je me sentais plus léger. J'ouvrais mon placard, et les vetements que je voyais m'enchantaient. Les livres de ma bibliothèque, je les avais lu, je les relierais. Toute ma vie, ma bibliothèque avait été remplie de livres et j'en étais très fier. je trouvais que ça me rendait intelligent. J'étais comme néttoyé de cet état d'esprit fat et prétentieux. Cette bibliothèque là, elle était très modeste, une dizaine de livres, mais c'était la mienne. Je connaissais les oeuvres qui y tronaient. Je me sentais libre, plus encombré par le poids de toute cette connaisance qu'il me fallait acquérir. Plus un seul DVD ne trainait betement près de la playstation, Attendant un improbable visionnage ou revisionnage. Pour la première fois de ma vie, chez moi chaque chose était à sa place. Ça me faisait un bien fou.

J'ai gardé l'habitude. De temps en temps, une fois par an à peu près, je regarde toutes mes possessions, et jette tout ce qui ne me met pas en joie, après avoir remercié l'objet en question. 

Il faut prendre grand soin de ses affaires. C'est la partie qui n'a jamais prise chez moi. Je n'arrive, tout simplement pas, à garder un portable plus de trois ans, une chemise blanche immaculée plus de trois mois. Je lis dans mon bain, actuellement Limonov de Emmanuel Carrère. Il est tout gondolé. Généralement ce sont les vetements qui m'avertissent. Tiens, ce boxer est troué, peut-être serait-il temps de le jeter, et de jeter tout ce qui ne me met pas le coeur en joie par la même occasion. Et hop, mon appartement est rangé. Tout est à sa place.

Jetez toutes vos affaires, soyez minimalistes, vous serez plus heureux. 

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