La promesse de l'Aube - Journal de confinement 15

Le jour se lève sur la troisième semaine de quarantaine nationale.

Je n'arrête pas de piquer ses titres à Romain Gary. Ce serait l'occasion de lire La vie devant soi et La promesse de l'aube, mais on ne les a pas. On a Proust par contre, mais bon. J'ai du mal à lire autre chose que Lao-Tseu en ce moment, ou Nietzsche. Des paragraphes quoi. Des aphorismes. Alors la saga du temps perdu... Est-ce que c'est parce que j'écris des articles court ? Quand je travaillais fort à mon roman, qu'est-ce que je lisais ? Nietzsche aussi je crois. Grosse période Nietzsche. 

Pour les deux prochaines semaines, confinement complet. Plus personne ne rentre ou ne sort. La dame qui venait s'occuper de ma grand-mère le matin a décidé de se mettre en auto-quarantaine aussi, alors on a fait le point sur les tâches essentielles qu'il faudrait reprendre. En gros ça va. Je vais laver les pieds et le dos de ma grand-mère tous les deux jours et faire le ménage en plus. je l'avais déjà fait pour mon grand-père il y a cinq ans. 

Certains et certaines pourraient être éffrayées ou dégoutés à l'idée d'aider une vieille personne à faire sa toilette. Mais il s'avère que malgré leur apparence, les vieillards n'ont pratiquement aucune force physique, et souvent aucun talent en combat singulier. Si il venait l'idée à ma grand-mère de m'attaquer par surprise pendant que je lui lave le dos par exemple, je serais à peu près sûr de pouvoir la terrasser. Donc n'ayez pas peur des vieux. Si un jour vous devez aider votre grand-père ou votre grand-mère à se laver, dites-vous que vous ne risquez rien. 

Pour le ménage par contre, je ne vais pas vous mentir, ce n'est pas trop mon fort. Vider la machine, passer l'aspi, récurer les chiottes, tout ça, je sais le faire quand même. Je ne suis pas complètement à la ramasse. C'est juste que, selon l'avis général de Carine, je fais ça n'importe comment, je ne suis pas organisé, je prends des pauses pour rêvasser, et je me plains que ça prend trop de temps.

Un jour, quand on vivait en couple, Carine m'a vu commencer à faire la vaisselle, et m'arrêter en plein milieu pour aller me faire couler un bain. Je m'en souviens. Sur le moment ça m'avait paru normal. Je faisais la vaisselle et mon cerveau a juste fait "pouf, fini. Maintenant allons prendre un bain." Elle est venu me voir alors que je bouquinais dans l'eau chaude  : " Non mais ça va t'étais pas en train de faire un truc juste là ? " Elle était à la fois hilare et scandalisée. Carine ne pouvait pas rester fachée, je la faisais trop rire. 

Après deux jours dans le placard, on a trouvé une solution pour Kiwi, il y a une mini-salle de douche qui sert de débaras dans un vestibule. On l'a installé là-dedans. C'était mieux que le placard, mais moins bien que le parc à bébé. Maintenant il est en confinement dans le salon. Il a vue sur tout ce qui se passe. Du coup il est tranquille, il ne cherche pas à quitter son enclos. Il roupille sur la petite couette qu'on a installé. De temps en temps Pilou vient lui faire un petit bisou, et il a ses petits quart d'heures de liberté ou je surveille sa démarche. "Tu crois qu'il sait qu'on le soigne ?" m'a demandé ma grand-mère, j'ai demandé à Kiwi, il a répondu oui. Ça l'a rassurée. 

Les développeurs (ou développeuses !) de la simulation font vraiment un boulot incroyable avec ma partie en ce moment. Les enjeux montent graduellement et la difficulté du quotidien augmente par petits caps tout-à-fait gérables. Je suis peut-être encore dans la zone tutorielle après tout. À la fin c'est Dark Souls. 

Aujourd'hui je recommence à travailler sur mon roman. J'ai bien pris le rythme avec les articles, on peut commencer à empiler. J'ai une autre histoire qui arrive par derrière, et ça va être compliqué impossible de faire les deux en même temps proprement. Je dois me concentrer, sur une tâche après l'autre.

Le pire scénario possible : sortir de cette quarantaine transformé en adulte responsable. 

Allez à demain !