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Pollo Mundo
15 mai 2020

Le vin de la colère divine - Journal du déconfinement 5

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Dans la soumission généralisée, nous marchons dans la rue, masque sur la gueule. Je HAIS ces masques. Je ne pouvais pas le savoir pendant le confinement, mais c'est officiel. Je hais les masques de tissus, les distances de sécurité, les recommandations du gouvernement "d'arrêter les embrassades". C'est toi arrêtez les embrassades.

En plus je suis parano, j'ai l'impression que le gouvernement a enduit les masques d'un produit qui rend stérile ou quelque chose d'horrible comme ça. Les masques me mettent en colère. Je me sens isolé du reste de l'humanité. Je me sens seul dans ces métros ou chacun regarde son portable. Je ne peux même plus voir les visages. À quoi ça sert d'emmener son carnet pour dessiner des masques ? 

Quand la colère commence à s'installer en moi, elle a tendance à vouloir y rester, et elle possède une force, vous n'imaginez pas. C'est un tsunami lent et infatigable, qui gagne du terrain sur moi à chaque minute qui passe. Quelques minutes de ce traitement, et tout ce que je vois participe à son éclosion : les gens qui portent les masques, les gens qui n'en ont pas, les gens qui portent un masque mais qui laissent dépasser leur nez du masque. L'obsession est là : Le masque

Quand je sors du métro, ma respiration est tellement saccadée que je dois faire des efforts pour marcher normalement. Dès que j'en sors, je retire cet instrument de torture. Je sais qu'on doit tous faire des petits sacrifices, mais quand même. J'aimais bien respirer. 

Ensuite, sans entrer dans la banque, j'ai montré par dela la vitre à l'employé à l'intérieur mon enveloppe contenant les documents que j'amenais. Il m'a fait signe de la mettre dans la boîte au lettres. Je l'ai fait, je lui ai levé le pouce, et je suis parti. Il y avait une queue de trente mètres pour aller au Liddle. La colère qui me vrillait le crâne est descendue de mon cerveau. Elle a atteint mon coeur et s'est changé en tristesse.

Il faisait beau pourtant. J'ai marché jusqu'au pont de sèvres. À Billancourt, j'ai acheté une petite bouteille d'eau au Franprix. Le petit jeune à la caisse avait un masque chirurgical, et était enfermé dans une cage de plastique transparente. On doit tout faire avec les yeux pour se comprendre. Tout le monde se souhaite bon courage tout le temps.

Sur le pont de Sèvres, la colère continuait de se transformer en peine, mais elle ne partait pas complètement. Cela faisait plusieurs heures que ça durait et je me sentais épuisé. Je suis passé au Franprix de Sèvres, j'ai fait quelques courses alimentaires. Je suis rentré, j'ai rangé tout ça dans le frigo et les placards. Je me suis installé au bureau, et j'ai pleuré longtemps, sans raison précise.

Bienvenue dans le nouveau monde.

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