Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Pollo Mundo
4 juin 2020

La tentation du flic

WhatsApp Image 2020-06-04 at 19

Quand on jouait aux gendarmes et aux voleurs à la récré, je voulais toujours être le voleur. La plupart des gens, si je me souviens bien, préféraient ce rôle. C'est que, philosophiquement, le but du voleur est beaucoup plus noble. En effet, lorsque vous êtes voleur, votre but est d'échapper au gendarme, d'échapper à la loi, au témoin, et donc au juge. Le voleur court vers sa liberté, c'est son seul objectif, la seule ambition de sa partie. Le but du gendarme est d'attraper le voleur. Son objectif est de restreindre la liberté d'un autre. Ce rôle est par essence dépressiogène, puisqu'il n'a pas d'autre fonction que de restreindre la liberté d'action des participants. 

Pour autant, sans gendarme, il n'y a pas de jeu. Le voleur connait l'excitation de la liberté conquise, la joie d'échapper aux menottes, uniquement grâce au gendarme, qui le cherche dans la cour de récré, lui court après et entend bien gagner la partie en attrapant tous les voleurs. Pour ne pas sombrer dans la léthargie, le voleur a besoin du gendarme. D'ailleurs, quand on était trop bien caché et que personne ne nous trouvait, on finissait par s'emmerder. 

Voilà une évolution intéressante. Le voleur veut être trouvé. Quand un gendarme passe devant sa cachette sans l'apercevoir, il rit dans sa barbe. Il est fier de son ingéniosité, et désire, très fort, qu'on la voit et qu'on la reconnaisse, comme une qualité constitutive du sujet qui la déploie. En fin de partie, les voleurs bien cachés sont félicités : " woh la la t'étais impossible à trouver !"

À 32 ans, la situation est moins claire qu'en primaire, car un enfant est plus proche de son impulsion initiale, qui n'est pas d'obliger qui que ce soit à faire quoi que ce soit, mais à acter sa propre liberté, sa propre puissance et sa propre joie. Dans le monde des adultes, toutes sortes de menaces vagues ou précises volent au dessus de nous. Dans le monde des adultes, tout est plus serieux. Dès lors, un bon nombre de jeunes adultes finissent (commencent!) par se ranger du coté des flics, de l'ordre et de la loi.

Le but de l'état, ces derniers temps, semble de progresser à petit pas vers la réalisation de 1984, à savoir un continent de flics qui se surveillent les uns les autres, et où le gouvernement peut dire tout et son contraire, d'un mois à l'autre, sans être dérangé (cf, entre autres, le débat sur les masques : La France a tous les masques nécéssaires ---> La France n'a aucun masque ---> La France n'a jamais manquée de masque )

La loi Avia va maintenant permettre à la justice de légiférer, vraiment légiférer, c'est-à-dire vous mettre des amendes, ou éventuellement ( à terme, certainement) vous jeter en prison pour quelque-chose que vous publierez en ligne. Sous couvert d'opposition à la haine sur internet (comme si on pouvait légiférer sur un sentiment : idée d'enfant de trois ans.) les députés, dans une session ou l'absence a brillée par son record, ont donné au Pouvoir un peu plus de pouvoir. Quand le Pouvoir augmente son propre pouvoir, c'est mécaniquement le peuple, tout le peuple, qui en perd. 

Je me suis senti un peu flic au début du déconfinement. Quand je voyais quelqu'un porter mal son masque, je fulminais tout seul : " Mais comment ! Il ne respecte pas les consignes ! C'est quand même un effort collectif merde ! " Je reconnais maintenant que j'étais jaloux de l'insoumission. Je me suis soumis, comme tous le monde, à tous les ordres que le gouvernement m'a donné depuis quelques mois. Je me suis mis en connivence avec le pouvoir. En somme, je voulais, moi aussi, ignorer les consignes et respirer à plein poumon, mais je n'osais point. Comme tous les faibles, j'en voulais aux forts de me renvoyer ma faiblesse au visage. 

C'est pour cela que le rôle du gendarme, à la récré, n'est jamais envié. Le gendarme est un faible ontologique, qui ne peut supporter de voir une vie sortir des clous et exercer sa liberté. Il a peur pour le tissu social, pour sa famille, ses enfants, sa race. Il a peur que la vie lui tombe dessus avant d'avoir pu vieillir. Il fait tout par peur. Le voleur, c'est la vie qui vous tombe dessus. Vous vous êtes déjà fait cambrioler ? Quelle aventure ! Quel traumatisme ! Il faut le vivre au moins une fois. Le voleur est proactif dans son existence. Il a un but et n'entend pas que la société l'empêche de l'accomplir. Le gendarme n'a pas de but. Il a des ordres.

Si vous vous reconnaissez dans ces petits flics de circonstance qu'on nous pousse subtilement à devenir, arretez ça immédiatement ! Vous n'êtes pas là pour fliquer les gens espèce de malade ! Et pensez que ce sont les rechigneurs, les râleurs, les emmerdeuses, qui refusent d'obtempérer et de mettre le masque, qui, sans le savoir peut-être, se battent pour votre liberté en affrontant la grogne populaire rangée massivement (une honte en France) du coté du pouvoir. Pas de flic chez mes lecteurs et mes lectrices ! Seulement des RG ! D'ailleurs, faîtes comme les RG :  Observez, prenez note, et taisez-vous ! 

À demain ! 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Pollo Mundo
Publicité
Archives
Visiteurs
Depuis la création 58 069
Pollo Mundo
Publicité