Journal de confinement #2

Le gouvernement a dit "Il est très important que tout le monde reste chez soi!"

Ensuite, le gouvernement a dit : "Il est très important de ne pas annuler les elections!"

Ensuite, les médias ont dit : "Un absentéisme record aux élections !"

Ensuite le gouvernement a dit : "Bandes de cons, le virus se répend ! Vous voulez pas rester chez vous bordel ?" Mais moi j'étais d'accord au départ déjà alors c'est bon de me crier dessus comme ça!

Le gouvernement communique sur la crise de manière extrêmement hostile, et donne des ordres contradictoires ("rester chez soi" est un ordre "aller voter" un ordre aussi.) pour ensuite mettre la faute sur la population. Classe.

Bon, restons chez nous alors. Mais que faire ? Que faire chez soi ? Que font les prisonniers du monde entier ? Nous pouvons nous mettre à méditer, ça fait longtemps qu'on nous en parle. Nous pouvons faire des pompes, des étirements. Tenir un journal de nos pensées, jouer aux jeux videos.

Peut-être enfin finir Dark Souls.

Écrire des chansons, ou aprendre un instrument de musique. 

Travailler son tsuki.

Aprendre à rouler à la hollandaise. 

Lire Platon. 

Lire Proust.

Aprendre le russe par webcam avec une professeure compétente, pour aller trouver l'amour en mère patrie, quand tout ça sera fini. 

Faîtes moi confiance, la flemme, ça me connait, je saurai vous montrer le chemin. Il n'y a de limite que votre imagination. Mais surtout, ne suivez pas l'exemple du gouvernement. 

Ne soyez pas brutaux.

J'ai un copain, c'est une vraie anguille. Depuis qu'on lui a dit le confinement, il ne pense plus qu'à s'enfuir. Il faut penser à ça. Il faut penser que dans le monde il y a de drôles d'oiseaux, dont il faut prendre soin. 

Aujourd'hui je suis allé dessiner le pont au dessus de la 118. Il surplombe les voitures qui défilent de et vers Paris. Ça sent l'essence. C'est dur les décors, comme je ne maitrise pas bien la perspective, on dirait des formes geométriques posées sans ordre les unes sur les autres. Il me faut encore travailler. 

Il y avait des gens dans les rues. Le coté "tête de con" des français est une de nos seules qualités rédemptrices. Espérons qu'elle ne signera pas notre fin. 

Il est vrai qu'en ce monde, rien n'est permanent.