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Pollo Mundo
4 décembre 2018

Insomnie

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Il est une heure vingt-huit et je ne dors pas. Je me roule un petit petard de beuh, comme si ça allait changer grand-chose. Bah, ça m'aidera à écrire peut-être. Quand j'avais vingt ans, mon père me payait un studio dans le treizième arrondissement. Rue de la Providence, juste en bas de la butte, la butte-aux-cailles. À l'époque je dormais plutot bien car je m'endormais bourré un soir sur deux. Mon oncle m'avait filé un bocal entier de cannabis, j'en avais vendu aux copains, je me la petais à mort avec mon bocal de beuh. Mais je crois que pour boire j'écrivais, ou l'inverse. Je sortais dans la rue, la rue de la providence, avec dans un sac un cahier et deux trois bouquins, un stylo feutre noir car c'est celui que mon père utilisait pour écrire. Il était tout machonné à la fin.  Je m'installais au bar juste en dessous du restaurant l'Esperance, j'arrive pas à croire que je ne sais plus son nom. J'ai écris dedans tellement de fois. Je m'étais fait copain avec un commandant de la PJ qui m'avait dit : "Si tu te fais prendre pour quoi que ce soit, tu dis rien. ça finira par passer." Il venait écluser des bières quasiment tous les soirs. La dernière fois que je suis passé devant lui j'ai eu l'impression qu'il ne me reconnaissait pas. Je m'asseyais à une des tables en bois, il faisait encore jour. Je commandais une pinte de bière, jamais la même. Je sortais mon cahier et j'écrivais. Sheriff, l'arabe qui tenait le bar, avit des gouts musicaux très sur. La musique allait bien. Je commençais à écrire en même temps que l'ivresse. J'écrivais longtemps, tout et n'importe quoi. Un roman que je n'ai jamais fini. Des nouvelles, et plein de poêmes, comme tous les jeunes de vingt ans. 

Dix ans plus tard, je suis assis en demi-lotus devant un mac et j'écris sur le traitement de texte de Canalblog. Mon premier roman prend la poussière chez mon éditeur. À a la gauche du clavier il y a le boitier de SOUL CALIBUR IV, pour la ps3. C'est dessus que je mélange tabac et cannabis. Je fais un toncar avec la languette du paquet de longue feuille et j'en prends une. je retourne la jaquette du jeu avec le mélange sur la feuille. Je la roule entre mes doigts, j'humidifie la partie collante avec ma langue, je roule le joint. Il est bien roulé, ce qui est rare. J'écris sur la table basse et mon chat Pilou, un gros matou angora au poil orange, me regarde avec l'air de se demander ce que je fais ; il attend patiemment que je finisse. Quand je retournerai me coucher, il me suivra et s'allongera sur mes jambes. Il me ressemble. C'est mon chat.

Alors la beuh ça marche pas du tout pour l'écriture. Je suis devant mon clavier, bètement, depuis cinq minutes. Même le chat est reparti. Il y a une tornade dans mon cerveau, des vérités métaphysiques qui défilent à toute allure, et c'est comme si j'étais trop lent pour les saisir. Sur la plage de la baule, le soleil qui chauffe le dos des filles. C'est comme si j'y étais. Le sel sur nos peaux. Les cheveux mouillés plaqués en arrière, lunettes de soleil sur le nez, une cigarette au bec. restes de crèmes solaire sur la peau, avec le parfum. Pas un souci sur terre. Ce moment a existé, et il existe encore. De toute éternité, il a et aura existé. 

S'agit de laisser faire en gros. 

Elsa m'avait branché sur un job alimentaire à Mezzo di Pasta, à deux doigts de la fac. Pendant trois semaines, j'ai passé le balai tellement mal qu'une fois sur deux je regardais mon boss le faire pour me montrer. J'étais une image vivante de Gaston Lagaffe, endormi sur son balai. Sinon j'allais dans la cour arrière sortir les pates congelés du frigo et les sauces dans leur caisse. Il y avait une caisse à sauce sur la vie de ma mère. Quand il y avait du monde c'étais la panique totale, je voyais la file sortir du petit restaurant jusque loin dans la rue, et je me demandais " Mais pourquoi ces cons ne vont-ils pas au macdo?" Je me gourrais dans les commandes des clients et celles de la caisse enregistreuse alors je ralentissais tout.  Souvent, en plein milieu du service, Nour m'envoyait en cuisine faire la vaisselle. Que je faisais mal d'ailleurs. Une fois je me rappelle, j'avais mis les mauvaises sauces sur les rigatonnis d'un couple, j'en ai eu des sueurs froides jusqu'à la fin du déjeuner, ésperant qu'ils ne reviennent pas se plaindre. Ils ne l'ont pas fait. Ou que vous soyez, si vous lisez ça : merci.  

Au bout de trois semaines de ce régime, Nour a quand même fini par me virer. ça nous a fait du bien à tous les deux que je redevienne un client. 

Est-ce que je ne retournerais pas au lit moi ? 

 

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