Vouloir et devoir

Je n'arrive plus à écrire d'article et je sais pourquoi. Les contraintes que je me suis donnés me sortent par les yeux. Ma conscience, influencée par le culte de la gagne et de la productivité ambiante, veut absolument que je sois capable de traiter tous les sujets. Je suis injuste. Ce n'est pas la "culture ambiante de la gagne et du succès", j'ai toujours été taré comme ça. Je m'explique.

Tous les mois à peu près, je vais à la bibliothèque. En fait je vais à deux Bibliothèques. La bibliothèque Germaine Tillon et la bibliothèque Andrée Chedid. La bibliothèque Germaine Tillon est au Trocadéro (ouais j'habite près du Trocadero rage pas fils de pute) la bibliothèque Andrée Chedid est à Baugrenelle, à coté d'une épicerie Koréenne où j'achète du thé d'orge, d'une épicerie libanaise ou j'achète une sauce verte à l'ail et à la coriandre, et un laser game ou à chaque fois que je passe devant, je me dit "Oh la la ça a l'air bien, je devrais y emmener mes copains et Carine"

Je me balade dans les rayons, j'y passe du temps, je touche les livres, je regarde leur couverture, je les ouvre, je les feuillete. Je repars généralement avec une quinzaine d'ouvrages sous le bras, et autant dans l'autre bibliothèque. Je sais bien que je ne pourrai pas tous les lire, au mieux, on peut les garder deux mois. Mais c'est illusoire de croire que je pourrai lire, en deux mois, une trentaine de livres. D'autant que la je suis sur Horizon Zero Dawn sur la ps4, mais aussi Fallout 4, God of war et Uncharted 4, a thief's end. Tout ça prend du temps. Dans le fond, c'était peut-être une bonne chose de me faire virer. Je vais pouvoir rattraper mon retard, lire des livres, jouer à des jeux vidéos. À quand les allocs à vie ? 

quand j'arrive à la maison, mon chat se fout dans mes pieds et réclame de l'amour, alors je lui en donne. Ensuite je range tous les bouquins et j'en chope un au hasard. Enfin au hasard, c'est faux .La vérité c'est que je ne supporte pas le hasard, je suis un obsédé maniaque du contrôle. C'est juste que ce contrôle a la forme du hasard. En fait, je fais un plouf plouf et le livre sur lequel je tombe, je DOIS le lire, d'une part, et d'autre part, je DOIS en faire une critique sur mon blog. Et voilà trois semaines que je suis bloqué devant mon clavier à éssayer d'écrire sur la géopolitique. Alors que franchement, ça m'intereresse au mieux de loin.

Mon système est rigide, et il m'handicape plus qu'il ne m'aide. Il ne faut pas penser sa vie en terme de devoir, c'est le moyen le plus sur de la foirer, et Dieu sait que j'en sais quelque chose. Je ne sais pas depuis quand je n'ai pas fait simplement quelque chose parce que j'en avais vraiment envie. Tout ce que je fais, je me dis que je dois le faire. Mais déjà c'est faux, on ne DOIT pas faire quoi que ce soit, il faut juste faire ce qu'on a envie de faire. Par contre, ce qu'on a envie de faire, il faut le faire vraiment, et rester concentré. Et ça c'est dur. La par exemple, j'ai envie d'arrêter d'écrire et de faire autre chose. Me faire un deuxième café, écouter de la musique, allumer ma ps4.

Je VEUX finir cet article et en plus je suis dans la zone, j'écris vite et bien, ce qui n'est pas si courrant. Mais aussi, je DOIS finir cet article, car c'est mon objectif pour ce matin. Ce DOIS, ce devoir, me donne envie de faire autre chose. Et voilà comment on perd toute envie : en en faisant un devoir. Enfin je ne sais pas. C'est ce qui se passe pour moi en tout cas. 

L'article en question s'appelait "éléments de géopolique, je m'y proposais de décrire quelques concepts clés de cette discipline, tels qu'ils sont exposés dans le livre "Horizons géopolitiques", de Frédéric Encel, prof à Paris 8 et vulgarisateur compétent. Mais plusieurs choses ne vont pas. Comment pourrais-je prétendre exposer les concpets clés de la géopolitique après avoir lu UN livre de vulgarisation? C'est stupide ! Et puis qui a envie de lire ça ? Pas moi en tout cas. C'est peut-être aussi pour ça que je n'arrive pas à écrire cet article, parce que je n'aurais pas envie de le lire si je tombais dessus. Alors que les états d'âme d'un écrivain en herbe, eh bien ça, en vérité, ça m'interesserait. J'aurais envie de le lire. 

Je vais éssayer, dans ma vie, de laisser un peu tomber la notion de devoir et de me fier à mes désirs. Les "je dois" ne m'ont jamais réussi. Les "je veux" m'ont toujours beaucoup donné. Quand j'ai repris mon M1 de philo, j'en avais vraiment envie, et j'ai eu les compliments. Au moment du M2, le désir m'avait quitté et je le faisais par devoir et pour ne pas vexer mon père (quelle idée) je me suis viandé, vautré, volontairement saboté. Mon directeur de recherche, Quentin Meillassoux, n'a pas lu une ligne de mon mémoire, et pour cause, je n'ai jamais réussi à l'écrire. On ne fait rien de bien sous la contrainte. 

Laissons nous la liberté de faire des choses que l'on en doit pas faire, de ne pas faire celle qu'on doit faire. De changer d'avis, de suivre nos désirs et pas nos peurs. Je vais éssayer en tout cas. 

À la semaine prochaine.