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Pollo Mundo
13 janvier 2020

Is this the house? - Mad Sad County S01E02

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                                                            The House

 

Blake avait demandé à Eva, parce que quand même, la maison devant eux avait quelque chose de creepy. Mais Eva le regarda avec agacement, et il compris qu'ils étaient arrivés. C'était une petite maison d'un seul étage, à la manière des one bedroom houses qui pullulaient dans le coin. Blake avait une sorte d'attraction pour ces coins paumés, pauvres, dangereux. Ils frappèrent, comme le voulait le code, trois fois à la porte. Immédiatement, un aboiement se fit entendre, suivi d'un rugissement, humain cette fois. " Ferme ta gueule !" Vint ensuite un bruit sec, puis un couinement apeuré. "C'est qui bordel !". Eva et Blake se regardèrent avec nervosité. Eva se racla la gorge et dit, d'une voix mal assurée : "C'est Jane ! On s'est eu au téléphone."

La porte s'ouvrit d'un seul coup. Blake retint un mouvement de recul. Dans l'embrasure de la porte se tenait un gigantesque mec. Son débardeur blanc était délavé, incrusté de diverses tâches. Il portait un jean bleu et une casquette de camionneur. Son nez, penché en avant, lui donnait un air instigateur, et ses yeux semblaient regarder dans l'espace vide entre Eva et Blake. Un froncement de sourcil perpetuel finissait de donner à ce regard une allure particulièrement menaçante. Dans sa main gauche, il tenait, déployée, une batte téléscopique, et dans la droite, la laisse d'un énorme bull terrier qui regardait Blake en grognant. Celui baissa les yeux, et les reporta sur la batte téléscopique. "Comment ai-je pu la laisser m'emmener ici?", pensa t'il un peu trop tard. 

Plus tôt dans la journée, Eva était venu le voir dans la classe ou il écrivait entre midi et deux. Blake était un solitaire. Il ne faisait pas de vagues. Il écrivait dans son cahier, personne ne savait trop quoi. Il fumait avec les stoneheads mais n'était pas tellement dans leur bande. Il était ami avec tout le monde, et avec personne. Il s'entendait bien avec les gothiques aussi, sans plus. C'est dans ce groupe  qu'il avait connu Eva. Une longue jeune fille au teint pale et aux yeux verts. Ses cheveux noir corbeau lui tombaient juste sous les fesses. Son cul parfait était moulé dans un sempiternel jean noir, enfoncé dans de hautes Doc Marteens. Elle avait des mitaines aux mains, des débardeurs afriolants et des dessous sexy, qu'elle cachait sous un gros sweat Slipknot informe. Blake avait tout de suite eu un crush pour elle. Eva le savait, et il savait qu'elle savait. Ils maintenaient cet inoffensif statu quo en place, car il leur convenait. Elle s'en servait tout de même à son avantage par moment. Comme quand il fallait aller chercher weed, molly et ecstasy au dealer du county d'à coté pour la fête de Samantha. 

La cloche avait sonné et Blake avait accepté la proposition d'Eva. En marchant dans le couloir vers le cours de littérature, il bouscula une adolescente noire un peu forte, à grosses lunettes, ce qui fit tomber les livres d'eco qu'elle tenait contre elle. "Oh merde désolé", bredouilla-t'il, alors qu'il l'aidait à ramasser ses affaires. 

"_ Oh c'est toi Rondha ! Vraiment sorry, je t'avais pas vu.

_ Sans blague", maugréa la jeune fille avec mauvaise humeur, avant de repartir dans l'autre direction. Blake laissa son regard s'attarder sur la démarche un peu lourdaude de Rondha. Puis, il reprit son chemin. 

 

" Jane peut entrer. Toi tu restes dehors." Eva et Blake se regardèrent, un vent de panique dans les yeux. Blake avait senti ses entrailles se liquéfier. Qu'est ce que c'était que ce plan ? Son squelette s'était refroidi d'un coup, Eva lui lança un regard qui disait "aide moi, ne me laisse pas seule avec ce cinglé." Le chien fixait Blake attentivement, prèt à bondir, et le white trash ne semblait voir qu'Eva. Blake se racla la gorge, se planta entre l'adolescente et le dealer, et, d'une voix moins assurée qu'il l'aurait voulu, s'adressa à lui. 

"_ Pas question mec, on rentre tous les deux, on paye, on prends la came et on repars. C'est quoi cette embrouille? On va partir si c'est comme ça.

_ Qu'est-ce que tu dis toi ? Tu veux que je te bute ou quoi ? Si tu rentres tu ressors pas fils de pute ! T'es qui pour me parler comme ça hein ? T'ES QUI ?"

Le dealer devenait de plus en plus agressif. " Il est chargé", se dit Blake. "Quel enfer, alors c'est ici que je meurs?" Pensait-il dans son ventre. Il aurait voulu tourner les talons et s'enfuir à toutes jambes, mais il ne pouvait pas laisser Eva. Il était, pour le meilleur et le pire, collé à ses cotés. Il soutint avec peine le regard de l'autre, et répondit. "Nos potes savent où on est. Si tu nous fais quoi que ce soit, t'auras tous les flics du County au cul. C'est ça que tu veux ?" Le dealer semblait hésiter entre lâcher son chien ou lâcher un coup de batte téléscopique. Finalement, il éclata de rire. "Putain fils ! T'es pas emmerdé avec ces grosses couilles en acier dans ton futal ? Ok psycho tu peux rentrer aussi. Touchez à rien surtout."

La pièce à vivre était plutot une pièce à mourir.  "Que pourrait-on avoir envie de toucher ici?" pensa Blake. Le papier peint sur les murs était arraché. Il y avait des bouteilles de vodka et de bière par terre. Des cuillères toutes noires et des restes de bouffe un peu partout, dans lesquels le chien maigre et costaud furetait, cherchant quelque chose à manger. Assis dans un sofa défoncé, entendant l'autre râler dans la pièce à coté et jeter des truc contre le mur en cherchant la drogue, Eva et Blake se regardait nerveusement. "Thank you", lui murmura silencieusement Eva. Enivré de panique et d'excitation, Blake sourit sans trop le vouloir et hocha la tête. Eva sourit aussi. Le bull Terrier frottait sa tête contre la jambe d'Eva comme un gros chat. Il semblait qu'une fois qu'on était invité, c'était un chien très agréable. Le dealer revint, s'installa en face d'eux, et posa trois paquets sur la table basse entre eux, non sans avoir poussé par terre un cendrier et des restes de chinese food. Blake observa, dissimulant son égout, la sauce nuoc mam impregner la moquette, agrégeant entre elles les cendres tombées, qui dégageaient une odeur nauséabonde. Dans un paquet, Il y a avait la poudre. Dans un paquet, il y avait les pills. Dans un paquet, il y avait de la weed. Toutes ces bonnes choses. Une envie profonde était entrée en Blake, par la grande porte. Une envie profonde de se défoncer. Eva semblait dans le même état, mais elle le dissimulait bien mieux.

"_ Vous voulez le peser ?

 _ Non non c'est cool, on te fait confiance !" Balbutia Eva avant que Blake, enflammé par son courage de tout-à-l'heure, ai eu le temps de dire oui. Elle sortit de son sweat noir une grosse liasse de billets roulés que lui avait passé Samantha. Il ne se géna pas pour recompter, lui. "C'est bon, finit-il par dire. Cassez vous." 

 

                                                              The car

 

La porte claqua derrière eux, le garçon et la fille marchèrent vite, sans se retourner. Il montèrent dans le Van d'Eva, garé quelques blocs plus loin. Eva ne dit rien. Elle tourna la clé dans la serrure et le camion démarra. Ils quittèrent cette partie de la ville avec soulagement. Blake aimait bien se sentir un peu voyou, mais il avait eu sa dose de danger pour l'année. Ils avaient survécu. Il s'était même interposé entre Eva et l'autre. La trouille au ventre, il s'était interposé. "Je suis brave. Je suis so brave putain, je suis un vrai héros." Du coin de l'oeil, il regardait Eva conduire. Ses grands yeux de biche regardaient la route avec attention. Ils avaient quitté le coin pauvre du comté, et retournaient vers leur petite banlieue. Une route de province, tranchant la forêt. L'autoradio jouait Brand new cadillac de The Clash. Ils se regardèrent en souriant et commencèrent à bouger la tête en rythme. Eva cria de soulagement.

" WOUH !!! Quel rush aujourd'hui pas vrai ? Merci d'avoir été là, ce mec m'aurait violée c'est sûr.

_ Je l'aurais jamais laissé faire.

_ Je pense que le chien aurait eut une autre opinion sur le sujet.

_ Ah oui le chien... Heureusement que ça s'est bien terminé..."

Eva le regarda un moment, les joues un peu roses. Elle embrassa le bout de ses doigts et les passa sur la joue de Blake. Elle souriait dans le vide. Cela le pétrifia. Heureusement qu'Eva ne sait pas dans quel état ce qu'elle vient de me faire m'a mis, il se dit. Mais Eva savait. Eva savait toujours. 

Elle poussa du pied la pédale d'accélération, passa une vitesse, et le van accelera. Les deux se sentaient invincibles, ils doublaient les voitures en klaxonnant. Puis, derrière eux, retentit une sirène. Les lumières bleues de la moto se refletèrent dans le rétroviseur. Blake n'en croyait pas ses yeux. Les flics maintenant ? Dieu voulait sa mort aujourd'hui ou quoi ? Fuck ! 

" _ Prends les drogues", dit Eva pendant qu'elle enlevait son gros sweat pour faire éclore sa poitrine.

_ Quoi ? mais t'es folle ou quoi ?! Je vais pas tout prendre sur moi !

_ Fais-moi confiance ! il fouillera peut-être le camion, il me fouillera peut-être, mais toi il te fouilleras pas, je te le garantis ! juste... Enfin sois comme t'es, je te jure qu'il fera pas attention à toi !

_ Bordel de  merde !"  

Blake fourra l'ensemble des drogues dans son caleçon, ce qui lui faisait un sacré paquet. C'est vrai qu'il était plutot habillé preppy, on ne se disait pas qu'il pouvait cacher de la drogue. Avec ses cheveux bruns ondulés et son regard naïf, il avait l'air d'un fils de bonne famille. Le van ralentit sur la bande d'arrêt d'urgence. Eva se regarda dans le rétro, une dernière répétition avant la pièce, puis descendit la fenètre. "Il y a un problème, monsieur l'officier?", demanda-t'elle de sa voix la plus soyeuse.

" _ Sortez de la voiture mademoiselle.

_ Oui monsieur."

Eva déploya sa longue silhouette hors du véhicule. Le policier se racla la gorge. Blake faisait de son mieux pour respirer normalement. Ses aisselles trempaient sa chemise d'une sueur froide, mais il avait chaud, dans son crâne et sa poitrine. Sa température corporelle, en somme, faisait n'importe quoi. Il regardait droit devant lui et faisait de son mieux pour être invisible. 

"_ Vous saviez à quelle vitesse vous rouliez?

_ Mon dieu monsieur l'officier, oui ! J'ai vu quand vous nous avez arrêté, je suis morte de honte. Je me suis juste laissé allé une minutes et ..." Elle émit alors un petit rire mutin. Le flic dansait d'un pied sur l'autre. Elle est trop forte, pensa Blake. "Mais je me sentais si fière, je viens d'aprendre que j'étais accepté à Brooks, la fac de la city ! Je suis si heureuse !" Elle charmait le policier, sans trop en faire, sans forcer. Il était déjà hypnotisé.

" _Félicitation mademoiselle.

_ Merci !

_ Écoutez, je vais vous donner un avertissement pour cette fois. Mais rappelez vous que les dépassements de vitesse sont responsable de 60% des accidents de la route. Vous comprenez que vous pouvez vraiment mourir ? Une jolie fille comme vous, toute la vie devant soi, ce serait dommage. 

Discours d'adulte classique, qu'elle avait entendu cent fois. Eva baissa les yeux, et répondit d'une petite voix.

_ Je comprends monsieur l'officier, vous avez vraiment raison, je le sais, je vous promets que ça ne se reproduira plus.

_ Good, reprit l'autre. Et toi, lança-t'il à Blake, où est-ce que t'as été accepté ?

_ Oh nulle part, répondit Eva à sa place. C'est mon petit frère, Il va passer en première l'année prochaine.

_ Bon. Soyez prudents sur la route.

_ Merci monsieur l'officer, bye !" le gracia Eva d'une voix espiègle. Elle rentra dans le camion, et laissa la moto disparaitre au loin avant de rompre le silence. 

Eva poussa un long cri, suivi d'un irrepressible fou rire, tapant sur son klaxon à plusieurs reprises. Blake tremblait de peur, il avait une envie irrepressible de pisser. Pire encore qu'avec le dealer. Se faire casser la gueule, se faire mordre par un chien, ok. Se faire arreter avec 100 grammes de coke, 10 barettes de shit et une centaine de pills. Ça aurait été la prison. 10 ans de taule au minimum. Cette perspective changeait graduellement sou soulagement en une colère sourde contre Eva, qui était, elle surexitée.

 "_ Je suis trop soulagée ! Pas toi ? T'as vu comment j'ai géré ça comme une reine ? J'aurais pu faire danser ce flic dans ma main si je l'avais voulu ! ... Bah tu dis rien ? Ça va ? Allez souris, tu t'en es bien sorti aussi !

_ Je n'ai rien fait du tout, répondit Blake avec hargne. Je suis resté le plus stoïque possible pendant que tu faisais la conne avec l'agent.

_ Quoi ? mec détends toi, il est parti, on est safe ! Je savais bien qu'il ne te controlerait pas !" dit-elle, en lui secouant l'épaule. Blake voulait regarder Eva dans les yeux, exprimer un peu sa colère, mais le décolleté de la jeune fille lui atirait le regard. Ses yeux semblait attirés d'eux même par la grosse poitrine blanche corsetée de dentelle noire.

" _Mes yeux sont la haut chéri. Je sais que je suis bonne mais quand même contrôle-toi !" dit-elle, pour détendre l'atmosphère. Allez  excuse-moi, je sais que tu m'as sauvé la mise aujourd'hui.

_ Deux fois, répondit Blake en détournant le regard. Deux fois je t'ai sauvé ton cul, et à chaque fois j'aurais pu crever ou ruiner ma vie."

Les sentiments qui traversaient Blake le dérangeait profondément.Il en voulait à Eva de l'avoir mis en danger, mais au fond elle ne l'avait forcé à rien. Il l'avait suivi tout seul, comme un toutou en chaleur. Il s'en voulait pour ça aussi. Et en même temps, la potrine d'Eva lui avait collé une image en tête qui ne voulait pas partir. Il sentit son sexe durcir malgré lui. Il croisa le regard d'Eva. Celui-ci était devenu très dur.

" _ Passe moi mon sweat-shirt. Elle le remit, et remit sa casquette en place. 

_ Écoute, je suis désdolé Eva mais...

_ Sors de la voiture.

_ Hein ?

_ Ouais tu m'as sauvé le cul deux fois aujourd'hui. Et alors ? Tu regrettes d'être venu ? Tu vas pas prendre de drogue ce soir ?

_ ... Si bien sûr mais...

_ Alors c'est quoi le problème Blake. ? Tu veux un cookie ? Tu veux être mon chevalier blanc ? Tu veux que je te tombe dans les bras et que je te suce ? T'es pareil que tous les autres en fait, t'en as rien à foutre de moi.

_ C'est pas vrai ! Je...

_ Ta gueule ! Tu crois que je vois pas comme tu me regarde, tu veux juste me baiser comme les autres. Vous êtes tous pareils les mecs ! Vous croyez que vous MERITEZ qu'on se mette avec vous juste parce que vous vous comportez comme quelqu'un de décent ! Tu l'aurais protégé Rondha ou c'est juste moi vu que tu me trouves bonne ?

_ Oh va te faire foutre Eva, fais pas comme si tu te servais pas de moi à chaque fois que tu en as l'occasion ! Tu te plains qu'on veuille te baiser mais t'as vu comment tu me chauffes ? Tu te sers des mecs toi aussi, comme Samantha, mais elle au moins elle fait pas semblant !"

Les pupilles d'Eva était devenu comme des têtes d'épingle dans un océan bleu turquoise. Elle était encore plus pâle qu'a son habitude.

" _Dégage.

_ Eva je suis dé ...

_ Ne dis rien. Casse toi de mon van.

_ Tu vas pas me faire ça ? Je suis à dix kilomètres de chez moi.

_ Demerde-toi !"

Elle le poussa dehors, et démarra. Alors que le camion rapetissait, elle lui fit un doigt d'honneur. La colère de Blake était partie. Il se sentait seul, con et vulnérable. Quel journée...

 

                                                        The Party

 

La vaste maison de Samatha, protégée par des de grandes grilles automatisées, se tenait au bout d'une petite route de forêt, sur la colline au dessus la ville. Le soir tombait, la grille était ouverte. Au dessus de la maison, un ciel bleu et nuageux, plutôt menaçant L'air était lourd et chaud. Il y aurait un orage dans la nuit. Blake avait décidé de venir directement à la soirée. Il sonna à la porte, Samantha apparut, ses cheveux blonds platine, sa peau légèrement bronzée et sa tenue ultra-sexy le prirent de cours.

" _Hey Sam, tu vas bien ? Ils se firent la bise.

_ Merci pour être allé voir Clyde pour les drogues, il est trop dégueu ce mec, je te jure à chaque fois que j'y vais je me sens trop pas en sécurité.

_ Eva t'a dit qu'on s'était fait arreté par un flic?

_ Oh mais oui my god elle m'a tout raconté. Tu devrais t'excuser tu sais.

_ Quoi ? Tu vas pas t'y mettre aussi sérieux ! Je suis toujours en train de lui rendre service, j'ai jamais un merci. T'aurais du voir comment elle m'a pourri.  

_ Jamais un merci, vraiment ?

_ Bon si mais ...

_ Allez entre, tu es un gentil garçon mais au bout d'un moment, demande-toi si c'est un merci ou une pipe que tu veux ok ? Vas t'amuser mon chou, tout est à l'intérieur tu fais comme chez toi."

 Il entra et vit Eva dans le couloir. Sans un regard pour lui, elle changea de pièce. "Pourquoi ça me rend si triste ?" se demanda-t'il, sans réponse. Dans la cuisine la fête battait son plein. Blake fumait sa clope, un verre rouge à la main. Il avait gobé deux pillules et attendait que l'effet monte.

" _ Tu as des news de Tony, Samantha ?

_ Non. il est à la city maintenant je sais pas ce qu'il devient."

Blake avait les yeux rivés sur Eva, qui dansait seule dans la pièce. Quelle femme. Elle ondulait comme un dragon chinois dans le ciel nocturne. La poitrine de Blake se soulevait, il sentait ses joues chauffer et, de plus en plus vite, un bonheur d'amour s'emparait de lui.

"_ Blake ! Youhou Blake ! On t'a perdu ?

_ Hein ? je pensais à autre chose.

_ Eh alors t'as eu des nouvelles de Billy après l'incident ? On l'a plus trop revu nous.

_ Non moi non plus, il a été viré tout de suite non ? Je sais pas trop ce qui lui est arrivé après, mes parents voulaient plus que je le vois. Mais je me rappelle que c'était bizarre chez lui.

_ Bizarre ?

_ Ouais... On était gosses alors ça m'avait pas frappé, mais avec le temps... Enfin je sais pas, j'essaye peut-etre de trouver à justifier quelque chose mais... Y avait toujours les volets fermés, ses parents disaient quasiment rien. La mère, je la voyais assise dans le fauteuil comme ça, les yeux dans le vide... Enfin je sais pas. La dernière fois que je l'ai vu c'était au cours de dessin ou on allait ensemble, deux semaines après l'incident ? Mais ... Il est plus revenu après. Je suis désolé j'ai... j'ai plus très envie de parler de ça." 

Le sujet de Billy était loin d'être la discussion préférée de Blake, mais c'est surtout que maintenant l'exctasy marchait à pleine balle. Son corps ne lui obéissait plus. Il vibrait tout seul au rythme de la musique. Il se leva, laissa les autres dans la cuisine. Il alla sur la piste encore presque vide. Il se planta devant Eva, et, sans un mot, commença à danser. Ils dansèrent l'un face à l'autre, sans se quitter des yeux. Il amena sa bouche à l'oreille d'Eva. "Je suis désolé" lui dit-il, "Je suis tellement désolé pour tout-à-l'heure. Tu avais raison sur toute la ligne. J'étais furieux parce que j'avais l'impression que tu me devais quelque chose, implicitement, du sexe oui. Alors que c'est pas ça, tu es tellement plus que ça, tu vaux tellement mieux que ces attentes que je plaque sur toi. Tu sais je crois que j'ai jamais rien ressenti d'autre pour personne, ça me rend con, jaloux, alors que j'ai pas le droit de l'être. Tu es libre, tu te mets avec qui tu veux, sache que j'ai envie d'être avec toi, ça me fait mal tellement j'en ai envie. Je veux respirer tes cheveux, toucher ta peau, écouter tes histoires, t'embrasser sous la lune, sous le soleil sous la pluie, aller à la city ensemble. Mais si tu veux pas, si tu me vois comme un ami, eh bien je me sentirai honnoré d'être ton ami, tu es une des plus belles personnes que je connaisse Eva, j'espère que tu le sais." La drogue parlait drôlement bien. Elle laissait Blake sortir tout ce que son âme de poète avait à sortir. Eva, dont les yeux étaient devenus d'un noir profond, l'écoutait, hypnotisée. "Mais toi aussi Blake tu as tellement à offrir, tu es doué, tu es doux, tu es beau" Elle lui carressait les cheveux en lui parlant, et chaque doigt qui passait dans ses mèches lui envoyait comme une douce électricité dans le coeur et le bas-ventre. Ils se disaient les jolies choses qu'on se dit sous MDMA. Vu de l'extérieur, ça ne ressemblait pas à grand-chose, deux post-ados qui se chuchotait des trucs secrets en dansant face à face, d'un pied sur l'autre. Au sein du cocon qu'ils formaient, c'était comme si le danger de la journée leur revenait en plein fouet. Ils étaient deux, ils avaient survécu à deux. Le soulagement, la drogue, les hormones de la jeunesse, les liaient l'un à l'autre, de plus en plus fort. 

Ils étaient dans une chambre, éclairée faiblement d'une lumière rouge. En bas, "Come as you are" résonnait et faisait vibrer les murs. LA nuit était tombée et un orage violent abattait les feuilles d'arbres sur la fenètre de la chambre. La nuit était chaude, l'atmosphère électrique. Allongée sur le lit, Eva regardait Blake avec gourmandise. Blake n'avait jamais fait l'amour, il voulait pourtant lui prouver qu'il serait un amant extraordinaire. Comme tous les garçons de son âge cependant, il ne savait pas ce qu'il faisait. Lui manquait l'expérience. Eva, qui était plus fine que lui sur la question, prit subtilement l'ascendant. elle l'emmenait par ici, par là, sans qu'il s'en rende compte. Il porta sa bouche à ses lèvres et un jus à l'odeur aqueuse coula sur sa langue. Tout le cors d'Eva se mit à respirer, à onduler avec force.

"Continue" elle lui dit, alors il continua. Il pasait sa main sur son ventre, sur le piercing qui touchait son nombril. Il n'osait pas aller jusqu'au sein. Alors elle lui prit la main d'autorité et lui passa dessus. Ses tétons étaient dur et sa poitrine, qu'il ne pouvait recouvrir entièrement de sa main. Elle le ramena vers elle et lui caressa le sexe. "N'aie pas peur" lui murmura t'elle à l'oreille. Elle l'aida à rentrer. Un fleuve de sentation le traversèrent. Les miles-et-unes réceptions nerveuses de son sexe, caressées en même temps, par une paroi douce, chaude et humide. Il commença à avancer, puis se retira, comme la marée, et avança à nouveau. La nuque d'Eva exhalait des parfums de fruit d'été, il lui carressait les fesses, elle l'embrassait avec passion, avec la langue, avec dextérité. Ainsi, Blake connut sa première expérience amoureuse, et Eva, sa douxième. En bas, la musique de Nirvana continuait à rythmer leur union. Nirvana en bas, Nirvâna en haut. 

 

                                                          The end

 

Vers six heures, Blake se réveilla. Il vit Eva à ses cotés et sourit. Il descendit dans le jardin. Des verres en plastiques, des mégots de cigarettes, de vieilles part de pizza jonchaient le gazon. Il respira un bon coup. Devant la piscine, il y avait des transats. Il s'instala sur l'un d'entre eux. Il y avait un cendrier sur une table basse juste à coté. Blake se servit dedans, prit une cigarette à moitié fumée et la ralluma. Les buissons derrière lui bougèrent, et il entendit une voix, une voix familière. 

"Alors mon salaud t'as passé une bonne soirée ?"

Blake se retourna. Il eut du mal à reconnaitre son ancien ami. Billy avait bien changé depuis leur dernière rencontre. Il n'avait pas beaucoup grandi, il devait avoisiner le mètre 70, ce qui plaçait son regard un peu en dessous de celui de Blake, qui s'était levé. Blake s'exclama.

" _ Billy ! Tu étais à la soirée ?!

_ J'étais dans le coin. je suis souvent dans le coin. On me voit pas mais je suis là."

Il avait un drôle d'air. ses cheveux blonds avaient poussé, mis ils étaient coupé n'importe comment. Il était maigre, avait la peau très pale et un duvet de moustache, qui ne deviendrait probabement jamais une barbe. Il portait un jean et un blouson noir. Son regard était fuyant, mais quand Blake l'apercevait, il lui semblait y voir quelque chose de fou. Ses yeux étaient écarquillés.Blake remarqua, avec surprise, qu'il trouvait Billy inquiétant. Maintenant il se rappelait qu'on en avait parlé ce soir là. Personne ne l'avait vu depuis un moment. Alors il avait peut-être été invité par quelqu'un d'autre ? Non, Samantha était une freak du contrôle, elle savait probablement le nom, la date de naissance et le groupe sanguin de la totalité de ses invités. Mais alors comment ? 

"_ Ça va t'es là ?

_ Pardon Billy. Alors qu'est ce que tu deviens ? Ou étais tu toutes ces années ?

_ Oh, un peu par-ci, un peu par là. Après que j'ai puni Tony comme il se doit ( un frisson parcourut le dos de Blake ) enfin, quelques semaines après, on m'a retiré à mes parents. J'ai été en en foyer un peu, puis dans des familles.

_ DES familles ?

_ Ouais plusieurs. tu serais supris, les petits fils de putes qui arrivent à s'infiltrer dans un système. J'ai pas coulé des jours heureux mon vieux pote. Tu peux me croire. Tu me crois hein ?" En parlant, Billy s'était approché de Blake, il était maintenant tout près de lui. Blake se sentait envahi, Billy était trop près. Son ancien ami sentait la sueur et l'amoniac, une odeur étrange et agressive. "On m'a calé chez un couple une fois, un militaire stérile et une bonne femme, complétement félée par sa religion. Il me foutait des coups de chaines de vélo et elle elle priait tu vois, elle priait pour l'âme de son mari et la mienne. Tu le crois ça ? Tu la crois cette pute ?" Blake commençait à se sentir mal.

" _ Non... Je... Je la crois pas Billy

_  Bah qu'est ce qu'il y a vieux ! T'es pas content de me voir ? Tu pues la trouille ! Je le sens sur toi. (Il s'approcha de Blake et le renifla, Blake amorça un mouvement de recul.) De la sueur, de la sueur aigre. (Billy sourit de toutes ses dents).

_ Non c'est pas ça (Blake se força à sourire) c'est juste que... Tu as l'air d'en avoir chié, je suis désolé pour toi.

_ Ça tu peux le dire mon pote, j'en ai chié pendant toutes ces années. Mais tu sais, j'ai compris des choses aussi, j'ai compris que le respect, le vrai respect, c'est pas gratuit. Il faut le sentir dans sa chair quand on a déconné. Le gros Tony, je l'ai changé, je suis sûr que je l'ai changé. Si il me voit dans la rue, il va pisser dans son froc. Il emmerdera plus jamais personne. Les gens ils comprennent que ça tu vois. Que la violence. Oh ! Je t'ai posé une question ! Tu vois ?

_ Oui oui je ... Je vois. Billy s'éloigna de quelques pas. Blake souffla un peu.

_ Enfin désolé mon gars je voulais pas te faire peur. T'inquiète pas pour moi. La vieille pute qui priait pour moi, elle a eut ce qu'elle méritait elle aussi. elle était aussi coupable que son mari tu crois pas ? ( Blake avait la tête qui tournait.)

_ Si...

_ Vous comprenez pas c'est pour ça. Moi personne m'a tendu la main, personne. À part Rondha. Elle est toujours invisible elle ? Vous la calculez toujours pas ? Ha ! Je le savais. Dis rien je le vois à ta tronche. Je suis content que tu ailles bien Blake, je voulais pas t'effrayer. Tu me pardonnes ?

_ Billy je ... Je peux même pas commencer à imaginer tout ce que tu as vécu. Tu n'as rien à te faire pardonner. Billy se retourna. Son sourire s'était adouci.

_ Tu as été chanceux ce soir mon salaud ? Je le sens sur toi. Tu sens la chatte. La petite chatte gothique. Elle sent la crevette ou elle sent le poisson ? Allez dis-moi, sois pas timide.

_ Ça me met mal à l'aise quand tu parles comme ça Billy.

_ Oh sois pas con, on parlait comme ça tout le temps avant !

_ Non... Je n'ai pas ce souvenir.

_ Ah tu as raison, c'était ma troisième belle mère qui parlait comme ça" .S'ensuivit un silence lourd, suivi de cette phrase, qui tomba comme un couperet. "J'ai vécu l'enfer Blake." Blake ne sut quoi répondre, alors il ne dit rien. Il voulait partir, mais il était comme paralysé. Ses jambes tremblaient Sa respiration était courte. Son coeur battait à tout rompre. "J'ai vécu l'enfer et vous vous avez continué )à vivre vos petites vies de collabos, vos petits cours de tennis, de déssins, vos petites soirées. C'était pratique de faire comme si j'avais pas existé, comme si j'avais pas été la SEULE personne à avoir des couilles pour s'opposer à Tony le rat. De continuer à baiser des salopes aux soirées de Samantha. Et toi Blake, toi t'es le pire." Billy tournait en rond devant Blake, sa voix s'amplifiait et tremblait quelque peu. Son sourire était devenu un rictus carnassier. " Mais j'ai pas eu besoin de toi pour survivre, j'ai eu besoin de personne. regarde toi maintenant, et regarde moi. Moi je suis à l'aise devant toi. Toi tu pètes de trouille. Si je le sens, tu pue le vieux pet ! Tu sens la merde Blake ! Tu as fait comme si j'existais pas, tu t'es acoquiné avec tous ces connards et toutes ces putes et t'as laissé tombé ton copain. Tu veux que je te raconte une histoire ? Tu sais la salope qui priait ? Je lui ai pris son nez." 

Blake pâlit. Une terreur absolue s'empara de lui, il sentit ses intestins se vider sous lui. " Toi tu as fait comme si j'existais pas alors qu'on était pote ! Je vais t'aprendre sale connard ! Je vais t'aprendre que je suis pas une victime, que tu peux pas te comporter comme ça ! remercie moi Blake ! Je vais t'apprendre une leçon que tu n'oublieras jamais !" 

En un pas. Billy était sur Blake, à trois centimètres de son visage. Blake ne vit pas la main gauche de Billy. Mais il sentit qu'il lui saisissait l'oreille droite. Il poussa un hurlement. Billy venait, d'un coup sec, de lui sectionner l'oreille. Blake tomba à genou, tenant des deux mains la blessure sanglante. Billy lui attrapa la tête et lui envoya un grand coup de genou qui lui brisa la nez. "MMmmmmpppf" Blake du cesser de hurler, car il ne pouvait plus respirer par le nez. Il haletait. Billy sifflotait. il attrapa une tignasse de cheveux de Blake et le força à le regarder. "C'est le diable" pensait Blake, les yeux embués de larmes. Billy s'adressa calmement à lui : " Si tu parles à qui que ce soit de notre petite rencontre, je prendrai quelque chose à ta pute. Une oreille, ou un oeil, ou son petit bouton. Si tu t'approche de Samantha à nouveau, je te tue, tout simplement. Je serai toujours derrière toi, pas très loin, je sais ce qu'il se passe dans cette ville tu comprends ? Dis moi oui." Blake prononça un faible oui, son nez emettait un drôle de sifflement. "tends tes mains" Blake tendit les mains, et reçut son oreille. Il la lâcha en poussant un cri d'horreur, et vomit sur le sol. " On s'est compris j'éspère Blaky ? Tu sais ce qu'il se passera sinon. Met cette oreille dans de la glace et va à l'hosto, il pourront peut-être t'arranger ce nez aussi. Je vais t'appeler un taxi, il sera la dans dix minutes. Tu t'es fait agresser par deux grands noirs dans la partie Sud de la ville. Répète le. _ Je me suis fait agresser par deux grands noirs dans la partie sud de la ville _ Good boy, lui dit le démon, lui donnant au passage deux petites gifles. Allez salut Blake, au plaisir.

Billy partit tranquillement. La grille était grande ouverte. Le soleil, au loin, commençait à éclairer le visage ravagé de ce bon vieux Blake.

 

                                TO BE CONTINUED...

 

               

                                                            

 

 

 

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